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contraint de demander congé pour s’aller défendre. Il fut mal reçu, dépouillé de tout grade militaire en Angleterre et en Hollande, et lui et les autres officiers qui comme lui avoient été d’avis de se rendre, ne furent pas sans inquiétude pour leur dégradation et pour leur vie.

Le duc de Noailles investit Girone le 15 décembre. Cette expédition qui est plus de l’année 1711 que de celle-ci y sera remise pour retourner aux choses qui se sont passées et qui ont été suspendues ici, pour n’interrompre point la suite importante des événements d’Espagne. On eut envie d’y envoyer l’abbé de Polignac, ambassadeur. Il brilloit cependant à Marly à son retour de Gertruydemberg. Le roi lui fit voir ses jardins, comme à un nouveau venu. La pluie surprit la promenade sans l’interrompre. Le roi en fit une honnêteté à l’abbé de Polignac, qui étoit l’hôte de cette journée. Il répondit avec toutes ses grâces que la pluie de Marly ne mouilloit point. Il crut avoir dit merveilles ; mais le rire du roi, la contenance du courtisan, et leurs propos au retour dans le salon, lui montrèrent qu’il n’avoit dit qu’une fade et plate sottise [1]. L’Espagne ne voulut point de lui, et redemanda instamment Amelot qui y avoit si parfaitement réussi : elle n’eut ni l’un ni l’autre.

  1. Saint-Simon a déjà raconté cette anecdote plus haut (t. V, p. 95) avec quelques variantes.