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connoissant l’extrémité du danger de la conjoncture, s’y porta avec tant de valliance et d’impétuosité que la ville fut emportée malgré son opiniâtre résistance, avec une perte fort considérable des attaquants. Les assiégés, retirés dans le château, capitulèrent incontinent, c’est-à-dire que la garnison, composée de huit bataillons et de huit escadrons, se rendit prisonnière de guerre, et avec elle Stanhope leur général, Garpenter etWilz, lieutenants généraux, et deux brigadiers, toute leur artillerte, armes, munitions et bagages ; et ce fut là où Stanhope, si triomphant dans Madrid, revomit les tapisseries du roi d’Espagne qu’il avoit prises dans son palais.

Tandis qu’on faisoit cette capitulation avec les otages envoyés du château, il vint divers avis de la marche du comte de Staremberg, qu’il fallut avoir une attention extrême à cacher à ces otages qui auroient pu rompre et le château se défendre, s’ils avoient su leur libérateur à une lieue et demie d’eux, comme il y étoit déjà, et qu’il continuoit sa marche à l’entrée de la nuit, après s’être un peu reposé avec ses troupes. La nuit fut pourtant tranquille. Le lendemain matin 11, M. de Vendôme se trouva dans un autre embarras : il s’agissoit en même temps de marcher pour aller recevoir Staremberg déjà fort proche, et de pourvoir à la sortie de Brihuega de cette nombreuse garnison qui y étoit demeurée enfermée durant la nuit, et qu’il falloit acheminer en la Vieille-Castille. Tout cela se fit pourtant fort heureusement. Les régiments de gardes espagnoles et wallones restèrent à Brihuega jusqu’à la parfaite évacuation ; et lorsque Vendôme, toujours marchant à Staremberg, vit l’action prochaine, il envoya chercher en diligence son infanterie à Brihuega, avec ordre de n’y laisser que quatre cents hommes.

Alors il mit son armée en bataille dans une plaine assez unie, mais embarrassée par de petites murailles sèches en plusieurs endroits, fort nuisibles pour la cavalerie. Incontinent après