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leur parut en effet si glissant qu’au bout de dix ou douze jours ils résolurent de s’éloigner de Madrid vers Tolède, dont rien ne fut emporté que quelques tapisseries du roi, que Stanhope n’eut pas honte d’emporter, et qu’il eut celle encore de ne garder pas longtemps. Ce trait de vilenie fut même blâmé des siens.

Vendôme et Noailles arrivèrent à Valladolid le 20 septembre, presque en même temps que la cour. Vendôme s’étoit amusé à Bayonne, et depuis en chemin, sous divers prétextes de santé, pour se faire désirer davantage et voir cependant plus clair au cours que prenoient les affaires. Il fut étonné de les trouver telles qu’il les vit après un si grand désastre. La reine, peu de jours après, sachant l’archiduc dans Madrid, se retira avec le prince et les conseils à Vittoria, pour être à portée de France, et sûre d’y pouvoir passer quand elle le voudroit. En même temps, elle envoya toutes ses pierreries à Paris au duc d’Albe, pour lui envoyer tout ce qu’il pourroit trouver d’argent dessus. Le duc de Noailles, après deux ou trois jours de séjour et de conférence, reprit le chemin de Catalogne, et trouva un courrier à Toulouse, qui le fit venir à la cour rendre compte au roi de l’état des affaires en Espagne, et des partis pris à Valladolid. Il arriva à Marly le 14 octobre, eut force longues audiences du roi, et repartit le 28 pour aller attendre à Perpignan le détachement que le duc de Berwick eut ordre de lui envoyer de Dauphiné, où les neiges avoient terminé la campagne. L’armée du duc de Noailles fut en tout de cinquante escadrons et de quarante bataillons, les places fournies, et cinq lieutenants généraux sous lui.

Le roi d’Espagne fit à Valladolid six capitaines généraux, qui en Espagne est le dernier grade militaire ; le marquis d’Ayetone, grand d’Espagne ; le duc de Popoli, Italien, grand d’Espagne ; le comte de Las Torres et le marquis de Valdecanas, Espagnols ; le comte d’Aguilar, grand d’Espagne, de qui j’ai souvent parlé et dont j’aurai lieu de