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de répéter, puis régenter, après professer, étoit devenu habile en cette science dure de l’école et dans la chicane ecclésiastique, dont il entendoit fort bien les procédures. Je ne sais qui le produisit au cardinal de Noailles, qui le fit son official, et qui dix ou douze ans après, le chassa honteusement, pour des trahisons considérables qu’il découvrit, que les jésuites lui avoient fait faire, et qui l’en récompensèrent par cet évêché.

L’abbé Turgot, aumônier du roi, eut Séez, et le maréchal de Boufflers eut Autun pour son parent l’abbé de Dromesnil, qui passa depuis à Verdun, et y a bâti de fond en comble le plus vaste et le plus superbe palais épiscopal qu’il y ait en France.

Autun avoit été donné à l’abbé de Maulevrier, il y avoit plus d’un an, qui le rendit sans avoir pris de bulles, et à qui on donna l’abbaye de Moutiers-Saint-Jean, de quatorze mille livres de rente, dans son pays, en Bourgogne, outre ce qu’il avoit déjà. Cet abbé de Maulevrier étoit un grand homme décharné, d’une pâleur de mort qu’on va porter en terre, qui s’appeloit Andrault, et qui étoit frère de Mlle de Langeron, qui étoit à Mme la Princesse, et fort comptée à l’hôtel de Condé. Il étoit oncle de Langeron, lieutenant général des armées navales, et de l’abbé de Langeron, si attaché à M. de Cambrai, qui fut chassé avec lui, passa le reste de sa vie chez M. de Cambrai, dans sa plus intime confiance, et qui y mourut à la fin de cette année. Ces Andrault sont si peu de chose que, encore que tout soit comme anéanti en France par la plus que facilité partout où il faut des preuves, je ne sais comment ils ont pu se faire admettre dans le chapitre de Saint-Jean de Lyon ; où l’abbé de Maulevrier a été sacristain presque toute sa vie, qui en est une dignité.

Il étoit originairement aumônier de Mme la dauphine de Bavière, et fort bien avec elle. À sa mort, il eut une place d’aumônier du roi. Il n’avoit jamais suivi sa profession, et il étoit tout à fait ignorant, mais grand maître en manéges