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par maximes tirées ex visceribus causae, et par leurs conséquences naturelles. En même temps ils n’attaquoient en rien l’échange dans aucune de ses parties, ils ne touchoient pas même au rang de prince étranger, inconnu au parlement, et grâce au roi, qui n’a besoin d’autre fondement que de sa volonté quand il lui plaît qu’elle soit plus gracieuse pour quelques-uns que juste pour tous les autres, et qui pour la maison de Rohan n’a ni la chimère d’un Acfred ni des prétentions de souveraineté pour prétexte.

Ces articles étoient tous de la plus pure compétence du parlement ; et il étoit parfaitement du ministère du procureur général, l’homme du roi et le censeur public, d’y en porter sa plainte. Dès le premier pas, MM. de Bouillon assignés se seroient trouvés dans la nécessité de répondre. S’ils s’étoient sentis hors de moyen de soutenir juridiquement les usurpations de leur faveur et de leurs manéges, comme il est sans doute qu’ils s’en seroient trouvés dans l’entière impuissance et qu’ils eussent acquiescé, toute leur chimère étoit anéantie et par leur propre aveu subsistant à toujours dans les registres du parlement. Si malgré cette impuissance ils avoient essayé de répondre, il est hors de doute encore qu’ils auroient été condamnés avec plus de solennité, et leur chimère, anéantie et proscrite sans retour, auroit servi de châtiment pour eux et de leçon pour d’autres, sans le moindre soupçon de force ni de violence ; et c’étoit après au roi à voir s’il lui convenoit, avec tout ce qui se passoit là-dessus avec eux, de leur laisser le rang de prince étranger. Il se trouvera dans les Pièces un mémoire qui fut précipitamment demandé et fait en ce temps-là, et qui auroit été meilleur si l’on avoit eu plus de deux fois vingt-quatre heures à le faire, sur les maisons de Lorraine, de Rohan et de La Tour. Enfin un procès entre le roi et MM. de Bouillon, non pour des terres et de l’argent, comme il en a tous les jours avec ses sujets, mais pour raison de la qualité de sujet, à raison de l’effet de ses propres grâces, de l’effet d’une descendance fausse d’un