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impudent réalisoit autant qu’il étoit en eux, et s’il étoit souffert, autant qu’il étoit au pouvoir du roi à l’égard d’une chose à qui tout fondement de vérité manquoit, mais qui n’en devenoit pas moins dangereuse.

C’est ce qui fit que, sans plus s’arrêter à l’écrit proposé et rejeté par M. de Bouillon avec une fermeté qui découvroit le fond de son cœur, et qui même donné par lui auroit toujours pu passer pour un effet de sa peur et d’une espèce de violence, il fut proposé au roi de prendre un biais plus juridique et plus exempt de tout soupçon, parce qu’il étoit selon les lois, les règles et les formes ; ce fut que, le procureur général fit assigner M. de Bouillon, ses enfants et ses neveux pour voir dire :

« I. Que Sedan est fief de Mouzon et arrière-fief de la couronne, ainsi qu’il conste par sa nature, par les lettres patentes de Charles VII, en 1454, comme souverain seigneur de Mouzon, d’où Sedan relevoit, et par jugement en conformité de ces lettres, rendu à Mouzon en 1455, et qu’il n’y a titre ni preuve en aucun temps de l’indépendance de Sedan ;

« II. Que Bouillon est originairement mouvant de Reims, et arrière-fief de la couronne ; cette mouvance acquise en 1127 de Renaud, archevêque de Reims, par Albéron, évêque de Liége, seigneur de Bouillon, et que, passant des évêques de Liége dans la maison de La Marck, ils n’en ont jamais cédé la mouvance ni même la propriété territoriale, qui a sans cesse, jusqu’à ce jour, été réclamée et revendiquée par les évêques de Liége ;

« III. Que Sedan, Bouillon, ensuite Raucourt, Jamets et Florenville, ces trois derniers fiefs sans nulle apparence d’indépendance ni prétention d’eux-mêmes, ont passé par voie d’acquisition de la maison de Braquemont et des évêques de Liége dans la maison de La Marck ;

« IV. Que la maison de La Marck n’a jamais prétendu à la souveraineté par ces fiefs, et a fait actes du contraire,