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roi et au chancelier. — Écrivant au roi, [il] n’avoit jamais signé sujet, et ne put être encore induit à s’avouer l’être. — Articles proposés au roi, à faire porter de sa part au parlement, sur la maison de Bouillon. — Justice et usage de ces articles. — Fausse et criminelle rature dans les registres du parlement. — Le roi ordonne à d’Aguesseau, procureur général, de procéder sur ces articles au parlement, qui élude et sauve la maison de Bouillon. — Infidélité de Pontchartrain en faveur du cardinal de Bouillon. — Réflexions. — Mort du prince d’Auvergne. — Le roi défend à ses parents d’en porter le deuil, et fait défaire le frère de l’abbé d’Auvergne d’un canonicat de Liége. — Cardinal de Bouillon se fait abbé de Saint-Amand contre les bulles données, sur la nomination du roi, au cardinal de La Trémoille. — Le roi désire inutilement de faire tomber la coadjutorerie de Cluni. — Extraction, fortune et mariage du prince de Berghes avec une fille du duc de Rohan. — Perte du duc de Mortemart au jeu. — Le secrétaire du maréchal de Montesquiou passe aux ennemis avec ses chiffres.


Tel est le danger du rang de prince donné à des gentilshommes françois, inconnu avant la puissance des Guise, même pour ceux de maison souveraine, et pour des gentilshommes avant le règne de Louis XIV. Devenus princes, ils deviennent honteux de demeurer sujets. Le vicomte de Turenne, ainsi que ses pères, étoit demeuré fidèle et avoit très-bien servi Henri IV jusqu’au moment que ce monarque lui procura Bouillon et Sedan. Ce fut l’époque de ses félonies [1], dont le reste de sa vie et celle de ses deux fils fut un tissu, comme le remarquent toutes les histoires, et que ses fils n’abandonnèrent que par la difficulté de les plus soutenir ; et par les monstrueux avantages que le cardinal Mazarin leur procura dans ses frayeurs personnelles pour s’en faire un appui. Tel est aussi le danger de permettre à ceux de ce dangereux rang des alliances étrangères. Mais ces réflexions, qui naissent abondamment, ne doivent pas trouver ici plus de place.

Quoique ce fût la morsure d’un moucheron à un éléphant,

  1. Crime commis par un vassal contre la foi qu’il devait à son seigneur.