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fiefs de Bouillon, Sedan, etc., de l’état, comme seigneurs de ces fiefs, de ceux qui les ont possédés, de la manière dont ils sont entrés dans la famille du cardinal de Bouillon, du rang que son grand-père, premier possesseur de ces fiefs, a tenu devant et depuis qu’il les a possédés, de celui de la branche de la maison de La Marck qui les possédoit avant lui, et de quelle manière enfin son père obtint ce prodigieux échange de ces fiefs, et le rang de prince étranger. On y voit clairement la mouvance de ces fiefs de Liège et de l’abbaye de Mouzon, et la violence, non aucun autre titre qui [a fait que] par la protection si indignement reconnue d’Henri IV, ces fiefs sont demeurés au grand-père du cardinal de Bouillon. D’où il résulte qu’à ces titres, jamais son grand-père ni son père ne furent souverains ni princes, conséquemment qu’il n’est ni prince étranger ni fils de souverain, et qu’il ment à son roi avec la dernière impudence. Il n’a donc point de liberté de rien reprendre à ce titre par la démission de sa charge, et il demeure tel qu’il étoit auparavant, c’est-à-dire gentilhomme françois de la province d’Auvergne, du nom de La Tour, tel qu’il étoit auparavant, par conséquent sujet du roi comme tous les autres gentilshommes de cette province, laquelle appartient à la couronne ; que si son père, en faveur d’un échange déjà si étrangement énorme, que, depuis tant d’années de toute puissance du roi et de toute faveur de M. de Bouillon, il n’a pu être entièrement passé au parlement, le père du cardinal a obtenu pour sa postérité et pour son frère le rang de prince étranger malgré les cris et les oppositions de la noblesse qui le leur fit ôter et qui leur fut rendu, ce que le parlement a toujours constamment ignoré, c’est une grâce fort injuste, mais dont le roi est le maître, et dont le bienfoit ne donne pas la manumission de l’état de sujet, et ne peut changer la naissance. C’est donc le dernier degré d’égarement que montre ici le cardinal de Bouillon, duquel se sont toujours bien gardés ceux dont la naissance issue de