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qui fut tout ce temps-là exilé et par delà pour refuser sa démission, et qui toutefois ne portoit plus l’ordre, et ne l’a jamais porté depuis qu’au bout de quinze ou seize ans il donna sa démission, et c’est le grand-père maternel du prince d’Harcourt, qui a pris le nom de Guise. Mais l’exemple d’Amyot est bien plus juste encore au cardinal de Bouillon : aussi ingrat que lui, il s’abandonna à la Ligue. Henri IV, commençant à devenir le maître, lui ôta la charge de grand aumônier, et conséquemment l’ordre, qu’il donna au fameux Renauld de Beaune, archevêque de Bourges alors, puis de Sens, qui venoit de lui donner l’absolution et de le communier dans l’église de l’abbaye de Saint-Denis.

Pour un homme qui a autant vécu à la cour que le cardinal de Bouillon, il est difficile de comprendre ce qu’il veut dire ici, quand il y donne sa charge pour la première des quatre grandes de la maison du roi et de la couronne. Premièrement, on lui niera tout court que la charge de grand aumônier soit un office de la couronne, sans qu’il puisse, ni aucun autre, ni le prouver, ni en montrer la moindre trace. Ces offices ont ce privilège particulier qu’ils ne se peuvent ôter aux titulaires, malgré eux, que juridiquement et pour crime. Quand Amyot fut dépouillé, la Ligue étoit encore assez puissante pour le soutenir et pour embarrasser Henri IV, s’il avoit fallu du juridique. Il n’en fut pas seulement question, et Amyot demeura dépossédé et exilé dans son diocèse le reste de ses jours qui durèrent encore quelques années. En second lieu, que veut dire le cardinal de Bouillon avec ses quatre charges de la maison du roi et de la couronne, dont la sienne est la première ? A-t-il oublié que rien n’est plus distinct qu’office de la couronne et grandes charges de la maison du roi, dont aucune ne s’est jamais égalée à ces offices ? En troisième lieu, où n’en a-t-il pris que quatre, et qui sont-elles à son compte ? Le connétable, et par usage moderne le maréchal général, le chancelier et par tolérance