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de ces deux démissions que j’envoie aujourd’hui à Votre Majesté, je reprends par ce moyen la liberté que ma naissance de prince étranger, fils de souverain, ne dépendant que de Dieu et de ma dignité de cardinal-évêque de la sainte Église romaine, et doyen du sacré collège, évêque d’Ostie, premier suffragant de l’Église romaine, me donne naturellement : liberté séculière et ecclésiastique dont je ne me suis privé volontairement que par les deux serments que je fis entre les mains de Votre Majesté en 1671, le premier pour la charge de grand aumônier de France, la première des quatre grandes charges de sa maison et de la couronne, et le second serment pour la dignité d’un des neuf prélats commandeurs de l’ordre du Saint-Esprit, desquels serments je me suis toujours très-fidèlement et très-religieusement acquitté, tant que j’ai possédé ces deux dignités, desquelles je me dépose aujourd’hui volontairement, et avec une telle fidélité aux ordres et aux volontés de Votre Majesté, en tout ce qui n’étoit pas contraire au service de Dieu et de son Église, que je désirerois bien en avoir une semblable à l’égard des ordres de Dieu et de ses volontés, à quoi je tâcherai de travailler uniquement le reste de mes jours, servant Dieu et son Église dans la première place après la suprême où la divine providence m’a établi, quoique très-indigne ; et en cette qualité qui m’attache uniquement au saint-siége, j’assure Votre Majesté que je suis et serai jusqu’au dernier soupir de ma vie avec le respect profond qui est dû à la majesté royale, « Sire,

« De votre Majesté

« Le très-humble et très-obéissant serviteur, « Signé le cardinal de Bouillon,

« Doyen du sacré Collège. »