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et qui consomma la résolution que le cardinal de Bouillon rouloit depuis longtemps dans sa tête et qu’il exécuta pendant le siège de Douai.

Avant d’entrer dans ce récit, il faut se souvenir de l’état de la famille du cardinal de Bouillon, pour mieux entendre les idées auxquelles il se livra. Sa grand’mère, seconde femme du maréchal de Bouillon, étoit fille du fameux fondateur de la république des Provinces-Unies, et sœur des électrices palatines et de Brandebourg. Sa mère étoit Berghes [1], dont la maison toujours bien alliée a tenu un rang distingué, parmi la première noblesse des Pays-Bas, quoique directement sortie par mâles de Jean, sire de Glimes, bâtard de Jean II, duc de Lothier, c’est-à-dire de Brabant, et légitimé par lettres du 27 août 1344, à Francfort, de l’empereur Louis de Bavière. La comtesse d’Auvergne, première femme de son frère, et la seule dont il ait eu des enfants, étoit héritière du marquisat de Berg-op-Zoom par une Witthem, sa mère, et le père de cette comtesse d’Auvergne étoit fils de Jean-Georges, comte de Hohenzollern, que l’empereur Ferdinand III fit prince de l’empire. La seconde femme du même comte d’Auvergne étoit Wassenaer, de la première noblesse de Hollande, des mieux alliés et fort souvent dans les grands emplois de la république. Le prince d’Auvergne, son neveu, après avoir déserté, comme il a été dit, avoit épousé la sœur du duc d’Aremberg à Bruxelles. C’étoit là des alliances qui donnoient au cardinal de grandes espérances du côté des Pays-Bas, et le prince Eugène étoit fils d’une sœur de la duchesse de Bouillon, belle-soeur du cardinal. [De] ses deux soeurs, l’une avoit épousé le duc d’Elboeuf, dont le duc et le prince d’Elboeuf ; l’autre un oncle paternel de l’électeur de Bavière et de Mme la Dauphine, qui étoit

  1. Éléonore-Catherine-Fébronie de Berg ou Berghes, morte le 14 juillet 1657. Il en est souvent question dans les Mémoires du cardinal de Retz.