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Ypres. Ils crurent avoir gagné un partisan de la garnison, et par son moyen surprendre la place. Le partisan en avertit Chevilly qui y commandoit, et par son ordre suivit l’entreprise. Les ennemis, pleins de confiance en leur marché, détachèrent deux mille chevaux ou dragons de leur armée, portant chacun un fantassin en croupe, sous prétexte de renforcer leurs garnisons de Lille et de Menin ; et le partisan marchoit assez près, à la tête, avec douze ou quinze hommes. Il se présenta à la barrière qu’on lui ouvrit, en même temps ses douze ou quinze hommes furent pris. Le détachement arrivoit ; mais il fut averti à temps par le hasard d’un fusil d’un soldat de milice qui étoit dans les dehors, qui tira. À ce bruit, le détachement se crut découvert et s’arrêta. Il se retira aussitôt après. On leur tua ou blessa une cinquantaine d’hommes du feu que la place fit sur eux de tous côtés. Le partisan en eut une petite pension et une commission de lieutenant colonel. Un autre de nos partisans sortit quelques jours après de Namur, trouva moyen de se glisser dans Liège, se rendit maître du corps de garde qui étoit à la porte, marcha à la place, tua celui qui y commandoit, prit toute la garde, pilla la maison du ministre de l’empereur et celle d’un Hollandois qui commandoit dans la ville, et s’en revint avec un assez gros butin et cinquante prisonniers, sans y avoir laissé qu’un homme.

Cependant le siége de Douai s’avançoit. Il s’y étoit passé, le 20 juin, une action considérable. Les ennemis s’étoient rendus maîtres d’une demi-lune. Dreux et le duc de Mortemart les en chassèrent. Ils revinrent et s’établirent sur la berme [1], où un fourneau qui joua à propos les fit tous sauter. Ils perdirent environ deux mille hommes ; mais ils revinrent une troisième fois et gagnèrent l’angle de cet ouvrage.

  1. La berme était un espace de trois ou quatre pieds entre le rempart et le fossé ; elle servait à recevoir les terres du rempart qui s’éboulaient, afin que le fossé n’en fût pas comblé.