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duchesse de Berry. Plus cette princesse se laissa connoître, et elle ne s’en contraignit guère, plus nous trouvâmes que Mme de Maré avoit raison ; plus nous admirâmes par quel miracle de soins et de prudence rien n’avoit percé, plus nous sentîmes à quel point on agit en aveugle dans ce qu’on désire avec le plus de passion, et dont le succès cause plus de peines, de travaux et de joie ; plus nous gémîmes du malheur d’avoir réussi dans une affaire que, bien loin d’avoir entreprise et suivie au point que je le fis ; j’aurois traversée avec encore plus d’activité, quand même Mlle de Bourbon en eût dû profiter et l’ignorer, si j’avois su le demi-quart, que dis-je la millième partie de ce dont nous fûmes si malheureusement témoins. Je n’en dirai pas davantage pour le présent, et je n’en dirai dans la suite que ce qui ne s’en pourra taire ; et je n’en parle sitôt que parce que ce qui arriva depuis en tant d’étranges sortes commença à pointer, et à se développer même un peu dès ce premier Marly. Il est temps maintenant de remonter d’où nous sommes partis pour n’interrompre point la suite de ce mariage.




CHAPITRE XVI.


Dépôt des papiers d’État. — Destination des généraux d’armée pareille à la dernière. — Villars se perd auprès du roi et se relève incontinent. — Rare aventure de deux lettres contradictoires de Montesquiou, qui brouille Villars avec lui. — Douai assiégé ; Albergotti dedans. — Berwick envoyé examiner ce qui se passoit à l’armée de Flandre. — Récompense d’avance. — Fortune rapide de Berwick, qui est fait duc et pair. — Clause étrange de ses lettres, et sa cause. — Nom étrange imposé à son duché, et pourquoi. — Usage d’Angleterre. — Berwick en Dauphiné ; reçu duc et