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éloignement personnel si peu capable d’aucun changement entre nous et cette cabale. Ce furent, à ce que j’ai toujours cru, ces puissantes raisons qui portèrent M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans à ne se rebuter de rien et à pousser, s’il faut user de ce terme, l’acharnement jusqu’où il pouvoit aller pour emporter Mme de Saint-Simon.

Mme la duchesse de Bourgogne, dans sa situation avec Mme la Duchesse et cette cabale telle qu’elle a été montrée, comblée par ce mariage, qui étoit de plus son ouvrage, avoit les mêmes raisons, et de plus celles de son aisance, comme elle ne l’avoit pas caché à Mme de Saint-Simon. Ce qui environnoit Mgr le duc de Bourgogne avec le plus de poids pensoit peu différemment, parce que les éloignements et les intérêts étoient les mêmes. Le roi, avec son ancienne prévention que rien n’avoit détruite depuis l’affaire de la dame du palais, pressé par les menées de Mme la duchesse d’Orléans, sûr que Mme de Saint-Simon étoit au moins très-agréable à Mme la duchesse de Bourgogne, instruit peut-être par ce que j’ai rapporté du maréchal de Boufflers de toute la part que j’avois eue à la séparation de M. le duc d’Orléans avec Mme d’Argenton, qui sûrement avec sa mémoire n’avoit pas oublié ce que je lui avois dit sur feu M. le Duc en l’audience du mois de janvier que j’ai racontée, accoutumé au visage de Mme de Saint-Simon par les Marlys et par la voir souvent à la suite de Mme la duchesse de Bourgogne, choses d’habitude qui lui faisoient infiniment, tout cela forma un amas de raisons qui non-seulement le déterminèrent, mais le décidèrent, et une fois déclaré et averti du refus en poussant à bout Mme la duchesse de Bourgogne, il se piqua de n’avoir pas cette espèce de démenti, et il voulut si fermement être obéi qu’il en vint jusqu’à prodiguer les menaces et à nous en faire avertir de tous côtés. Je dis faire avertir, par le lieu qu’il y donna exprès à plusieurs reprises et peut-être, comme on le verra bientôt, par quelque chose de plus fort.