Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 8.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

demandoit une assiduité auprès d’elle, incompatible avec celle de dame d’honneur d’une si jeune princesse. Elle exagéra même ces trois bonnes raisons fort au delà de leur juste mesure, et pour tout cela ne trouva pas Mme la duchesse de Bourgogne plus flexible. Sur sa santé elle lui répondit qu’on ne prétendoit pas lui demander plus qu’elle pourroit et voudroit faire ; que la dame d’atours étoit faite pour porter sans murmure, du moins sans appui, toutes les corvées fatigantes qu’une dame d’honneur de sa sorte ne voudroit pas essuyer ; sur les affaires, qu’elle étoit très-louable de s’y attacher, qu’elle l’assuroit de tous les congés qu’elle voudroit, même pour des absences et des voyages à la Ferté, que le roi ne trouveroit point mauvais pendant les voyages de Marly ; à l’égard de ma mère, que ce devoir devoit aller toujours avant tout autre ; qu’elle y vaqueroit avec liberté, et qu’elle lui répondoit de prendre tout cela sur elle. Mme de Saint-Simon répliqua que tout cela étoit bon en spéculation, mais que pour la pratique il falloit convenir qu’elle seroit impossible ; et apporta l’exemple de toutes les autres dames d’honneur, à quoi Mme la duchesse de Bourgogne répondit toujours par les exceptions les plus obligeantes, et finalement ne se rendit, comme je l’ai rapporté, que pour nous éviter de nous perdre totalement par un refus auquel elle vit Mme de Saint-Simon résolue, quoi qu’elle eût pu lui dire.

Toutes ces choses devoient nous rassurer, puisque aucune voie ni aucunes raisons n’avoient été omises et à temps. Néanmoins Mme de Saint-Simon, sujette à espérer peu ce qu’elle désire, ne pouvoit se délivrer d’inquiétude par le désir extrême que nous voyions dans eux tous, jusqu’à ce qu’il y eût une dame d’honneur nommée. Cela ne pouvoit guère être différé, puisque le mariage étoit déclaré, et qu’on n’attendoit pour le célébrer que l’arrivée de la dispense du pape.

Le jour même de la déclaration du mariage, il partit deux