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CHAPITRE XIV.


Mme de Blansac, et sa rare retraite, et son rare héritage. — Fortune de ses enfants. — J’apprends la déclaration du mariage de M. le duc de Berry avec Mademoiselle. — Spectacle de Saint-Cloud. — Vive, dernière et inutile attaque de Mme la duchesse d’Orléans à moi, sur la place de dame d’honneur. — Oubli sur l’audience de Mme la duchesse de Bourgogne à Mme de Saint-Simon. — Présentation de Mademoiselle à Marly. — Consultation entre le roi, Mme de Maintenon et Mme la duchesse de Bourgogne, sur une dame d’honneur. — Bruit à Marly sur Mme de Saint-Simon, et mouvements. — Le chancelier, par l’état des choses, change d’avis sur la place de dame d’honneur. — Avis menaçant de nos amis. — Mme la duchesse de Bourgogne nous fait avertir du péril du refus, et de venir à Versailles. — Nous nous résolvons par vive force à accepter. — Conspiration de toutes les personnes royales à vouloir Mme de Saint-Simon. — Singulier dialogue bas entre M. le duc d’Orléans et moi. — Mme la duchesse de Bourgogne me fait parler sur le péril du refus. — Droiture et bonté de cette princesse. — Propos très-francs de moi à M. [le duc] et à Mme la duchesse d’Orléans sur la place de dame d’honneur.


Ce même lundi, 2 juin, nous allames, Mme de Saint-Simon et moi, dîner à Saint-Maur avec Mme de Blansac, à qui Mme la Duchesse avoit prêté le petit château, c’est-à-dire la maison que feu M. le Duc avoit eue de la déconfiture de la Touanne, et qu’il avoit enfermée dans ses jardins. J’ai assez expliqué ailleurs quelle étoit Mme de Blansac. J’ajouterai seulement qu’ayant mangé plus de deux millions à elle ou à Nangis, son fils du premier lit, et mieux encore sans avoir jamais, elle ni Blansac, montré aucune dépense, elle emprunta cette maison pour y prendre du lait, et y est demeurée vingt ans sans en sortir : sur la fin de sa vie elle revint