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beaucoup moins encore ; que tout son désir étoit borné à une place de dame du palais auprès d’elle ; qu’elle avoit tout son cœur et tout son respect ; qu’elle ne pouvoit regarder une autre qu’elle, ni souffrir d’être mise ailleurs ; et que, si elle ne devenoit point dame du palais, elle seroit contente et heureuse de demeurer à lui faire sa cour, pourvu qu’elle n’eût point d’attachement ailleurs. Mme la duchesse de Bourgogne lui fit là-dessus toutes les amitiés imaginables. Elle lui dit ensuite que c’étoit par amitié pour elle et par intérêt pour soi, comptant sur son attachement avec goût et confiance, qu’elle avoit aussitôt pensé à elle pour dame d’honneur dès qu’elle avoit vu le mariage en apparence de se faire ; que cette belle-soeur, fille de M. et de Mme d’Orléans, étant de sa main et de son choix, elle comptoit vivre beaucoup avec elle, par conséquent vivre beaucoup avec celle qui sera sa dame d’honneur ; avoir avec elle un particulier de confiance nécessaire sur mille choses ; qu’une dame d’honneur avec qui elle ne seroit pas fort libre la contraindroit donc beaucoup ; et qu’une sur l’attachement véritable de qui elle ne pourroit pas compter l’embarrasseroit continuellement ; que dans cette vue elle avoit jeté les yeux sur elle, comme la seule convenable à cette place, qui eût ces qualités à son égard ; que, pour ce qui étoit de dame du palais, il étoit vrai que cela ne lui conviendroit plus après avoir été dame d’honneur de la duchesse de Berry ; mais que la duchesse de Lude, déjà si infirme, n’étoit point éternelle ; qu’elle la pourroit très-bien et très-dignement remplacer ; qu’elle le souhaitoit passionnément, et que dans cette vue encore elle avoit songé à la faire dame d’honneur de la duchesse de Berry, pour ôter par là l’obstacle de sa jeunesse, et l’approcher cependant du roi, s’il lui falloit bientôt à elle une autre dame d’honneur.

Après les remercîments Mme de Saint-Simon répondit, sur le fait de sa dame d’honneur, que l’autre place l’en élaigneroit plutôt que de l’en approcher ; et sur ce que