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parfaite, tandis que la mine se chargeoit sous leurs pieds sans qu’ils s’en aperçussent, et que le feu étoit déjà au saucisson, et que l’effet n’en pouvoit être que fort peu éloigné. Ils m’en crurent. Leur joie, qu’ils contraignoient au dehors, étoit sans pareille, la mienne étoit égale à la leur, mais elle ne fut pas sans amertume.




CHAPITRE XII.


Attaques de Mme la duchesse d’Orléans à moi pour faire Mme de Saint-Simon dame d’honneur de sa fille, devenant duchesse de Berry. — Mesures pour éviter la place de dame d’honneur. — Audience de Mme la duchesse de Bourgogne à Mme de Saint-Simon sur la place de dame d’honneur. — Situation personnelle de Mme la duchesse d’Orléans avec Monseigneur, guère meilleure que celle de M. le duc d’Orléans. — Projet d’approcher M. et Mme la duchesse d’Orléans de Mlle Choin. — Curieux tête-à-tête là-dessus, et sur la cour intérieure de Monseigneur, entre Bignon, ami intime de la Choin, et moi.


Dès les premiers temps du mouvement effectif de ce mariage, Mme la duchesse d’Orléans me demanda, d’un ton trop significatif pour n’être pas entendu, qui on pourroit mettre dame d’honneur de sa fille si elle devenoit duchesse de Berry. Je saisis donc incontinent sa pensée, et lui répondis exprès, d’un ton ferme et élevé, de faire seulement le mariage, et qu’elle aviseroit après de reste à une dame d’honneur, dont elle ne manqueroit pas. Elle se tut tout court, M. le duc d’Orléans ne dit pas un mot, et je changeai sur-le-champ de discours. De ce moment, jusqu’à la grande force de l’affaire, elle ne me parla plus de dame d’honneur ; mais, deux jours avant que je fisse la lettre dont il vient d’être