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de Votre Majesté et de lui par les liens les plus étroits et les plus intimes, et qui, d’ailleurs, terminant toute aversion, et me donnant lieu de m’unir par ma seconde fille avec Mme la Duchesse, liera son fils à M. le duc de Berry par un honneur semblable à celui que mon fils en recevra lui-même. Ces considérations sont telles que j’espère enfin qu’elles toucheront le bon cœur de Votre Majesté, et je lui demande avec toute l’instance dont peut être capable, avec le plus profond respect, Sire, de Votre Majesté,

« Le très-humble, » etc.

J’avois tâché de faire entrer dans cette lettre tout ce qui pouvoit porter à une détermination prompte : une préface touchante par le respect, la confiance et le souvenir que la pensée de ce mariage étoit d’abord venue du roi ; une énumération ensuite des prodigieux bienfaits si récemment répandus sur Mme la Duchesse et sur M. du Maine ; une comparaison forte, mais légère, de sa nudité, en faisant délicatement souvenir le roi qu’il l’avoit marié, et ne faisant que montrer, comme à la dérobée, la grandeur de sa naissance en leur comparaison ; ne tirer droit que parce que ses enfants étoient aussi ses petits-enfants, flatterie la plus puissante sur le roi. J’essaye de découvrir avec douceur et sacrifice les divers griefs de rang, et de montrer qu’en tout il ne peut y avoir de dédommagement que le mariage. Passant de là à des tendresses bienséantes à un neveu et à un gendre si élevé, je présente l’empire de Mme la Duchesse sur Monseigneur, avec la force précisément nécessaire pour se faire sentir, et la mesure propre a écarter de soi l’amertume ; d’où, après les louanges, l’excuse de Monseigneur et une échappée de tendresse pour lui, sort tout à coup une menace qui sans rien exprimer dit tout, et le dit avec force, sans toutefois pouvoir blesser ; de là, se rabattant sur l’union, propose de la rendre effective par un autre mariage, et