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machines, que mon amitié pour ceux à qui j’étois attaché, ma haine pour Mme la Duchesse, mon attention sur ma situation présente et future, surent découvrir, agencer, faire marcher d’un mouvement juste et compassé, avec un accord exact et une force de levier, que l’espace du carême commença et perfectionna, dont je savois toutes les démarches, les embarras et les progrès par tous ces divers côtés qui me répondoient, et que tous les jours aussi je remontois en cadence réciproque.




CHAPITRE XI.


Adresse de Mme la duchesse de Bourgogne. — Mot vif de Monseigneur contre le mariage de Mademoiselle, qui y sert beaucoup. — Tables réformées à Marly, où le roi ne nourrit plus les dames. — Mme la Duchesse à Marly dans le premier temps de son veuvage, et obtient d’y avoir ses filles. — Marly offert et refusé pour Mademoiselle. — Raisons et mesures pour presser le mariage. — Timidité de M. le duc d’Orléans, qui ne peut se résoudre de parler au roi, et s’engage à peine à lui écrire. — Nul homme logé à Marly au château. — Lettre de M. le duc d’Orléans au roi sur le mariage. — Courte analyse de la lettre. — Petits changements faits à la lettre, et pourquoi. — Difficultés à rendre la lettre au roi. — Étrange timidité de M. le duc d’Orléans, qui enfin la rend. — Succès de la lettre.


Vers la fin du carême, Mme la duchesse de Bourgogne, ayant sondé le roi et Mme de Maintenon, l’avoit trouvée bien disposée et le roi sans éloignement. Un jour qu’on avoit mené Mademoiselle voir le roi chez Mme de Maintenon, où par hasard Monseigneur se trouva, Mme la duchesse de Bourgogne la loua, et quand elle fut sortie, hasarda avec