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s’y trouve des raisonnements, des exemples et des comparaisons du goût de peu de gens, c’est qu’un discours fait pour persuader Mgr le duc de Bourgogne devoit être accommodé à son goût et à son esprit, à celui encore du duc de Beauvilliers qui, bien plus sûr et plus libre de scrupules que celui du prince ne l’étoit encore pour lors, étoient l’un et l’autre plus susceptibles d’être frappés par cette sorte de raisonnement que par d’autres plus à la convenance de tout le monde [1] [2].

DISCOURS SUR MGR LE DUC DE BOURGOGNE, 25 MAI 1710, ADRESSÉ À M. LE DUC DE BEAUVILLIERS QUI ME L’AVAIT DEMANDÉ.

Puisque notre conversation de Vaucresson vous a paru mériter assez d’attention pour désirer de la voir étendue au delà des bornes ordinaires d’un entretien à l’ombre de vos arbres, qui s’efface aisément en rentrant dans la maison, j’en ferai d’autant moins de difficulté que, s’agissant d’un prince sur lequel j’ose disputer de respect, d’attachement tendre et d’admiration pour ses rares vertus intactes au siècle, avec vous-même, rien de tout ce que je pense ne pourra vous blesser ; et l’épanchement secret de mon zèle pour sa personne, inséparable, par ce qu’il est né, du bien de l’État, se bornant avec vous seul, je me soulagerai en vous obéissant, en vous représentant nûment ce que je pense.

Je suis fermement persuadé que peu de siècles ont produit de princes en qui Dieu ait si libéralement répandu tant de vertus solides et tant de grands talents qu’on en voit en Mgr le duc de Bourgogne, un esprit vif, vaste, juste, appliqué, pénétrant, laborieux, naturellement porté aux sciences difficiles, curieux de tout rechercher et plein de bonne foi en ses recherches. C’est le riche champ qui vous a

  1. Voy. notes à la fin du volume.
  2. Voy. notes à la fin du volume.