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Saint-Ruth. Cela le contint quelque temps. Mais l’habitude du bâton étoit si forte en lui qu’elle prévalut encore. La maréchale retourna au roi qui, voyant Saint-Ruth incorrigible, eut la bonté de l’envoyer en Guyenne sous prétexte de commandement, dont il n’y avoit aucun besoin que celui de la maréchale d’en être séparée. De là le roi l’envoya en Irlande où il fut tué, et il n’eut point d’enfants.

La maréchale de la Meilleraye avoit été parfaitement belle et avoit beaucoup d’esprit. Elle tourna la tête au cardinal de Retz, jusqu’à ce point de folie de vouloir tout mettre sens dessus [dessous] en France, à quoi il travailla tant qu’il put, pour réduire le roi en tel besoin de lui qu’il le forçât d’employer tout à Rome pour obtenir dispense pour lui, tout prêtre et évêque sacré qu’il étoit, d’épouser la maréchale de La Meilleraye dont le mari étoit vivant, fort bien avec elle, homme fort dans la confiance de la cour, du premier mérite et dans les plus grands emplois. Une telle folie est incroyable et ne laisse pas d’avoir été.




CHAPITRE IX.


Je retourne à Marly avec le roi. — Propos sur Mgr le duc de Bourgogne, entre le duc de Beauvilliers et moi, qui en exige un discours par écrit.


Les couches de Mme la duchesse de Bourgogne, suivies du carême, avoient tenu le roi plusieurs mois à Versailles sans faire de voyages à Marly. Il y alla le lendemain du dimanche de Quasimodo, 28 avril, jusqu’au samedi 17 mai. J’étois allé faire un tour à la Ferté, Mme de Saint-Simon se