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comme le roi le voulant. Mme la Princesse se mit à pleurer, allégua vainement la mémoire peu comptée de M. le Prince, et ne pouvant rien empêcher, laissa tout faire sans en vouloir plus ouïr parler. Mme la Duchesse se rengorgea, se fâcha, mais ce fut tout ; elle n’avoit point d’autorité sur sa belle-soeur. M. du Maine se chargea de tout, du contrat de mariage, de la publication des bans, de la noce. La manière dont tout s’y passa montra à quel point M. de Vendôme étoit perdu. Il eut peine à obtenir permission d’aller en parler au roi à Versailles ; ce fut à condition de se tenir beaucoup dans sa chambre, de n’y voir personne, et personne presque ne s’y présenta. Sa conversation avec le roi fut sèche et courte, et il retourna tout aussitôt à Anet. Il n’eut pas la liberté de venir faire signer son contrat de mariage. M. du Maine tout seul le présenta à signer sans être accompagné de personne d’aucun côté, et le roi voulut qu’on prît le temps d’un voyage à Marly pour faire le mariage à Sceaux, sans fête, sans bruit, dans la plus grande obscurité, et ne voulut point ouïr parler de fiançailles dans son cabinet ; le contrat de mariage fut donc signé à Marly, le 13 mai, de cette façon clandestine.

M. de Vendôme vint droit d’Anet à Sceaux, le jeudi 15 mai, fut le soir même fiancé, marié et couché avec Mlle d’Enghien ; Mme la Princesse, M. le Duc, M. le comte de Charolois, son frère, Mme la princesse de Conti, M. son fils et Mmes ses filles, M. et Mme du Maine et MM. leurs enfants présents avec quelques domestiques, et qui que ce soi autre. Dès que la messe fut dite à minuit, tous les princes et princesses du sang s’en allèrent et ne revinrent plus. M. de Vendôme demeura le lendemain vendredi à Sceaux, avec M. et Mme du Maine, leurs enfants et leurs domestiques uniquement et la nouvelle mariée, et le samedi M. de Vendôme l’y laissa et s’en retourna à Anet. Ni l’un ni l’autre ne reçurent aucun compliment de la part du roi, ni de pas une des personnes royales ; on ne parla pas seulement de ce mariage ; ce fut