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Finissons cette triste matière par une autre aussi peu consolante, qui est la réception de Villars au parlement, lequel, contre le plus continuel usage, ne prit aucun pair pour témoin de ses vie et mœurs, et qui, par cette singularité, donna lieu à cette dissertation publique, s’il l’avoit fait par respect ou par honte, ou par la crainte d’être refusé. J’eus peine à me résoudre à me trouver à une si humiliante cérémonie. J’y fus témoin d’une malice du duc de La Meilleraye, qui poussa M. du Maine de questions pourquoi M. le comte de Toulouse, qui venoit toujours au parlement avec lui, y étoit venu cette fois séparément ; M. du Maine avec tout son esprit en fut embarrassé à l’excès ; et l’autre qui s’en amusoit, qui n’ignoroit pas le froid que le rang des enfants avoit mis entre eux, en donnoit aussi le plaisir à la compagnie. Dès que la réception fut faite et que le parlement alla à la buvette, je m’en allai et ne pus demeurer à la grande audience. Villars invita tous les pairs à dîner chez lui. Je le fus comme les autres et je m’en excusai ; je sus après que presque aucun n’y avoit été.




CHAPITRE VIII.


Vendôme, demandé de nouveau pour général par l’Espagne, épouse tristement Mlle d’Enghien. — Mort du duc de Coislin ; son caractère. — Hoquet inouï fait par le roi à l’évêque de Metz sur sa succession à la dignité de son frère. — Occasion, cause et fin de ce hoquet. — Habit et manière de signer de M. de Metz. — Évêques d’Espagne, devenus grands par succession, ne portent plus le nom de leur évêché. — Mort, aventures, caractère et singularités de la maréchale de La Meilleraye. — Maison de Cossé.


Ces mois de mars et d’avril furent heureux pour les bâtards. L’Espagne pressa de nouveau pour obtenir M. de Vendôme