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Quatre jours après, Mme la duchesse de Bourgogne envoya chercher Mademoiselle, lui représenta avec une bonté de mère ce qu’elle risquoit pour un vain dépit de sa mère qui ne changeroit pas la décision faite ; la conjura de se servir de tout son esprit et de tout son crédit auprès d’elle pour en obtenir de paroître. Ce dernier effort eut tout son effet. Je fus tout étonné que Mademoiselle allât au premier sermon d’après cette semonce, habillée en rang. J’allai ce même jour chez M. le duc d’Orléans, qui me mena chez Mme la duchesse d’Orléans. Nous la trouvâmes au lit tout en larmes, et ne cessa de pleurer de tout le jour. Elle ne voulut point voir Mademoiselle que déshabillée, et fut longtemps à s’accoutumer à son grand habit. Toutefois elle l’alla présenter aux personnes royales, après quoi elle l’envoya chez les princesses du sang. Mme la Duchesse eut la bonté de la manger de caresses, Mme la princesse de Conti en usa avec elle avec une légèreté très-polie. Depuis cela Mademoiselle parut quelquefois, pour conserver le mérité de céder au jugement du roi. Ainsi cette décision, précipitée par des conjonctures qui persuadèrent le roi qu’elle finiroit toute division entre ses filles, ne fit qu’augmenter l’aigreur entre les deux soeurs, que leurs prétentions à M. le duc de Berry pour leurs filles porta bientôt au comble. Mme la duchesse d’Orléans reviendra si souvent dans la suite, par différentes occasions principales, que j’ai cru me devoir étendre sur des faits qui mieux que des paroles commencent à la faire connoître.

On trouva à l’ouverture de M. le Duc une espèce d’excroissance ou de corps étrange dans la tête, qui parvenu à une certaine grosseur le fit mourir. Le roi ordonna que sa pompe funèbre fût en tout beaucoup moindre que celle de M. le Prince, qui avoit la qualité de premier prince du sang. M. le prince de Conti, sa queue portée par le marquis d’Hautefort, et accompagné du duc de La Trémoille, sa queue portée par un gentilhomme, alla de la part du roi donner