Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 8.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

au cardinalat pour signer l’exhérédation et la proscription de ce prince et de sa postérité en faveur d’un usurpateur protestant et comme tel ; enfin un personnage châtié par l’exil en arrivant de son ambassade de Pologne, exil qui avoit duré fort longtemps. Sur tout le reste je renvoie aux Pièces, qui satisferont pleinement. Tout fut concerté avec Bergheyck, venu exprès à Versailles, et qui retourna en Flandre vers le départ de nos deux plénipotentiaires.

On essuya encore en même temps une chose assez désagréable. Le cardinal de Médicis, en remettant son chapeau pour se marier, comme on l’a dit, avoit fait vaquer la protection des couronnes de France et d’Espagne qu’il avoit. Les couronnes catholiques ont à Rome chacune leur protecteur, étrange nom à l’égard d’une couronne ; mais les cardinaux, de longue main en possession d’être des monstres fort à charge à leurs princes et à leurs nations, et beaucoup plus à l’Église, après avoir usurpé les choses, ont envahi jusqu’aux noms, et les rois les ont laissé faire avec une insensibilité nonpareille. Ces messieurs veulent donc se mêler d’affaires, et ne peuvent le faire que subordonnément, comme tous les autres qui en seroient chargés ; ils en veulent l’honneur, la considération, le profit, mais ils n’en veulent pas le nom ordinaire ; il faut leur en voiler les fonctions sous la majesté d’un nom qui impose, quoique tout le monde en sache la valeur. Ainsi le cardinal qui est payé pour prendre soin de tout ce qui passe en consistoire pour une nation s’appelle le protecteur de cette nation ; et de là protecteur de la couronne de France, d’Espagne, etc. C’est à lui que s’adressent les banquiers en cour de Rome pour l’expédition des bénéfices et des autres choses qui passent en consistoire, où c’est à lui à proposer et à préconiser les évêchés ; et il se mêle aussi de beaucoup de choses qui passent par la chancellerie, par la pénitencerie et par les signatures. Le roi, ayant donc à choisir un protecteur, jeta les