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à l’exécution de son projet, comme ne songeant à rien. Malheureusement pour lui Villars en eut le vent ; il avoit aussi ouï parler de mon affaire avec M. de La Rochefoucauld, mais sans la savoir. Il me pria de la lui expliquer, c’étoit chose qui ne se pouvoit refuser. Là-dessus le voilà aux champs, qui fait grand bruit, qui représente au roi, par un mémoire qu’il lui envoya, le dessein d’Harcourt et l’impossibilité où sa blessure le mettoit de se faire recevoir, sur quoi, il demanda de ces deux choses l’une, pour lui éviter un procès pareil au mien : ou des lettres patentes vérifiées au parlement qui lui conservassent son ancienneté entière sur les pairs postérieurs à lui qui pourvoient être reçus au parlement avant lui, comme M. de Bouillon les avoit obtenues dans sa minorité ; ou une défense verbale au maréchal d’Harcourt de se faire recevoir avant que lui-même le fût. La demande parut au roi d’autant plus juste qu’elle évitoit un procédé qui l’eût embarrassé entre ces deux hommes, et un procès dont il haïssait les décisions. Harcourt reçut donc cette défense de la bouche du roi, dont il fut outré de dépit, et dont Villars ne se contraignit pas de triompher. Fort peu de jours après, Harcourt tomba en apoplexie, qui mit ses grandes vues et ses amis en grand désarroi, et qui, au lieu de forcer la porte du conseil, le fit aller aux eaux de Bourbonne, hors d’état de s’appliquer à rien, mais retenant toujours sa destination de général de l’armée du Rhin, comme l’année précédente.

Le maréchal d’Huxelles commandoit en chef en Alsace dès l’année 1690, en avril, à la mort de Montal, et servoit de lieutenant général dans l’armée du Rhin toutes les campagnes, jusqu’en 1703, qu’il fut de la promotion des maréchaux de France que le roi fit en janvier, à l’occasion de laquelle je me suis étendu sur lui assez pour n’avoir rien à y ajouter. Décoré de l’ordre et du bâton, c’étoit où la profession militaire le pouvoit porter. Son goût ne le tournoit point vers le commandement des armées. Voir aussi de