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rencontrois, lui fort embarrassé avec moi. M. de Beauvilliers, sans que je lui en parlasse, peiné de nous voir de la sorte, et blessé de ce que son gendre n’étoit point venu chez moi, comme lui et le duc de Chevreuse l’y avoient voulu mener, et que même il ne m’avoit pas dit un mot sur cette affaire, quelque temps après lui défendit de se trouver chez lui quand j’y serois ; M. et Mme de Chevreuse de, même ; tellement qu’il n’y entra plus lorsque j’y étais, et qu’il en sortoit à l’instant que j’y arrivois. Cela dura ainsi plusieurs années sans que j’en aie été moins intimement avec sa propre mère et tout le reste de sa famille. Ce n’est pas la dernière fois que j’aurai à parler du duc de Mortemart ; mais je dois le témoignage à La Feuillade qu’il rendit, sans que je lui en parlasse, justice à la vérité, et partout et hautement, quoique nous ne fussions en aucune mesure d’amitié ni de commerce.

Mme de Maubuisson mourut, à quatre-vingt-six ans, dans son abbaye près Pontoise, plus considérée encore pour son rare savoir, pour son esprit et pour son éminente piété, que parce qu’elle étoit née et environnée. Elle étoit fille de Frédéric V, électeur palatin, élu roi de Bohème en 1619, défait, dépouillé et proscrit en 1621, et ses États avec sa dignité électorale donnés au duc de Bavière, mort en Hollande en ce triste état, en 1632, à trente-huit ans, laissant de la fille du roi Jacques Ier, roi de la Grande-Bretagne, un grand nombre d’enfants sans patrimoine. L’aîné, Charles-Louis, fut rétabli dans ses États du Rhin par la paix de Munster, en 1648, avec un nouvel et dernier électorat créé en sa faveur, le haut Palatinat et la dignité de premier électeur étant conservés à l’électeur de Bavière. Ce Charles-Louis n’eut qu’un fils et une fille, qui fut seconde femme de Monsieur et mère de M. le duc d’Orléans et de la duchesse de Lorraine. Le fils fut le dernier électeur de cette branche, et mourut sans enfants en 1706. Son électorat et ses États passèrent au duc de Neubourg, beau-père de l’empereur Léopold, etc. Mme de Maubuisson eut trois autres frères qui parurent dans le