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sur les relations de la France et de l’Espagne, et sur la conduite que devoit tenir l’ambassadeur françois à Madrid. Voici ce mémoire, qui se trouve dans les papiers du maréchal de Noailles :

« Le roi ayant jugé à propos, dès le mois de juin dernier, de faire revenir son ambassadeur de Madrid, et lui ayant ordonné en même temps de se retirer du maniement des, affaires du roi d’Espagne, à moins que Sa Majesté Catholique ne le désirât autrement pour le bien de son service, il semble que, dans la situation présente, M. de Blécourt doit donner uniquement ses soins à entretenir la correspondance entre les deux cours, à maintenir le roi et la reine d’Espagne dans les sentiments de reconnoissance et d’attachement pour le roi leur grand-père, dont ils ne se sont jamais écartés ; à protéger la nation et le commerce de France, et à faire payer régulièrement les troupes du roi pour y servir à la solde de Sa Majesté Catholique.

« Il d’est pas besoin de s’étendre sur ces deux derniers points ; il suffit de remettre à M. de Blécourt, comme je le fais, les différents décrets du roi d’Espagne qui ont été obtenus sur les matières qui se sont [présentées], et qui établissent en bien des choses de nouvelles règles plus avantageuses à la marine de France, au commerce et aux privilèges de la nation. Je remets en même temps à M. de Blécourt des états bien détaillés de toutes les troupes françaises qui restent en Espagne, de ce qu’il faut leur payer par mois, y compris les états-majors, l’artillerie et tout le reste de ce qui en dépend, et j’y joins un mémoire de ce qui a été payé à compte à Sa Majesté Catholique.

« Le premier point demande plus de réflexions. Leurs Majestés Catholiques sont certainement très bien disposées ; elles pensent sur ce qui regarde la France comme il convient à leur sang et à leur élévation ; elles connoissent parfaitement l’intérêt qu’elles ont de conserver l’union entre les cieux couronnes ; elles sentent les obligations infinies qu’elles ont au roi leur grand-père ; mais comme le système qui a duré pendant toute la guerre est sur le point de changer, par la retraite des troupes de France, qui apparemment ne demeureront pas encore longtemps en Espagne, et peut-être par la conclusion prochaine d’une paix particulière de la France avec les alliés, il y aura en ce cas plus de mesures à prendre qu’auparavant pour détourner tout ce qui pourroit altérer la bonne intelligence, pour dissiper et comme pour provenir les impressions sinistres et dangereuses que bien des gens s’efforceront de donner à Leurs Majestés Catholiques dans des conjonctures aussi délicates et aussi épineuses. C’est l’objet, ce me semble, de la principale application de M. de Blécourt. Il n’y a rien pour cela de plus convenable que de s’ouvrir avec franchise au roi et à la reine d’Espagne, de les informer de tout ce qu’il apprendra