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goût du roi, par sa famille, par sa réputation soutenue de sa vie et de sa conduite, archevêque de Paris, et en vénération dans son diocèse et dans le clergé, à la tête duquel il se trouvoit par tout le royaume ; celui-là étoit capitalement en butte aux jésuites par sa doctrine, non suspecte, mais qui n’étoit pas la leur, et pour avoir été mis à Chatons, puis à Paris, sans leur participation, et promu de même à la pourpre ; ils savoient que les jansénistes n’étoient pas contents de lui, parce qu’il n’avoit pas voulu s’en laisser dominer ni donner dans toutes leurs vues, et que lui étoit encore moins content d’eux depuis la découverte du véritable auteur du fameux cas de conscience dont j’ai parlé. Le P. Tellier, bien ancré auprès du roi, résolut de commettre le cardinal de Noailles avec le roi d’un côté, avec les jansénistes de l’autre, et d’achever en même temps l’ouvrage auquel ils travailloient depuis tant d’années, par la destruction entière de Port-Royal des Champs.

Le P. de La Chaise s’étoit contenté, depuis que la paix de Clément IX avoit rétabli ces religieuses, de les empêcher de recevoir aucune fille à profession, pour faire périr la maison par extinction, sans y commettre d’autre violence ; on a vu (t. IV, p. 122), par ce qui a été rapporté que le roi dit à Maréchal, sur le voyage qu’il lui avoit permis et même ordonné d’y faire, qu’il se repentoit de les avoir laissé pousser trop loin, et qu’au fond il les regardoit comme de très saintes filles. Le nouveau confesseur vint à bout en peu de temps de changer ces idées.

Il réveilla ensuite une constitution faite à Rome, depuis trois ou quatre ans, à la poursuite des molinistes toujours attentifs à revenir, à donner le change, et ardents à chercher les moyens de troubler la paix de Clément IX. Rome, qui les ménageoit comme les athlètes des prétentions ultramontaines, auxquelles elle a tant sacrifié de nations, n’osa tout refuser, mais ne voulut pas aussi aller de front contre l’autorité de Clément IX ; elle donna donc une constitution