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rendit la liberté et les sacrements aux personnes qui en avoient été privées, et les places aux docteurs et autres qui en avoient été chassés.

Je n’en dirai pas davantage, parce que ce peu que j’ai expliqué suffira pour faire entendre ce qui doit être rapporté présentement et dans la suite, et je continuerai à me servir des mots jansénisme et de jansénistes, de molinisme et de molinistes pour abréger.

Les jésuites et leurs plus affidés furent outrés de cette paix que tous leurs efforts ici et à Rome n’avoient pu empêcher. Ils avoient su habilement donner le change [sur le jansénisme] et sur le molinisme, et de défendeurs devenir agresseurs. Les jansénistes, tout en se défendant sur les cinq propositions qu’ils condamnoient et que personne n’avoit jamais soutenues, et sur le formulaire quant au fait, n’avoient point quitté prise sur la doctrine de Molina, ni sur les excès qui s’ensuivoient de cette morale, que le fameux Pascal rendit également palpables, existants dans la doctrine et la pratique des casuistes jésuites, et ridicules, dans ces ingénieuses lettres au provincial, si connues sous le nom de Lettres provinciales. L’aigreur et la haine continuèrent, et la guerre se perpétua par les écrits, et les jésuites se fortifièrent de plus en plus dans les cours pour accabler et pour écarter leurs adversaires ou les suspects de toutes les places de l’Église et des écoles.

Vinrent longtemps après les disputes des jésuites avec les autres missionnaires des Indes, surtout à la Chine, sur les cérémonies que les uns prétendoient purement politiques, les autres idolâtriques, dont j’ai parlé (t. II, p. 417) à l’occasion du changement de confesseur de Mme la duchesse de Bourgogne, et depuis encore à l’occasion du choix du P. Tellier pour confesseur du roi, engagé fort avant dans cette dispute, qui en écrivit, dont le livre fut mis à l’index, sauvé de pis à toute peine, et lui contraint de sortir de Rome et de se retirer en France.