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pas moins à l’autorité royale, qu’ils se montroient réfractaires à celle du pape, que les jésuites appeloient l’Église, qui avoit approuvé, puis prescrit la signature du formulaire. La distinction du fait d’avec le droit, soufferte quelque temps, fut enfin proscrite, comme une rébellion contre l’Église, encore que non seulement elle n’eût point parlé, mais qu’elle n’ait jamais exigé la croyance des faits qu’elle a décidés par ses conciles généraux ; et les plus reconnus pour oecuméniques, de plusieurs desquels, décidés de la sorte, on doute et on dispute encore sans être, pour cela, ni répréhensible ni repris. Les bénéfices attachés à la protection des jésuites, dont le confesseur du roi étoit distributeur ; le crédit ou l’inconsidération, et pis encore ; qu’éprouvoient les prélats à proportion que la cour et les jésuites étoffent contents ou mécontents, échauffèrent la persécution jusqu’à la privation des sacrements, même à la mort.

De tels excès réveillèrent enfin quelques évêques, qui écrivirent au pape, et qui s’exposèrent à la déposition à laquelle on commençoit à travailler lorsqu’un plus grand nombre de leurs confrères vinrent à leur secours, et soutinrent la même cause.

Alors Rome et la cour craignirent un schisme. D’autres évêques s’interposèrent, et avec eux le cardinal d’Estrées, évêque-duc de Laon alors, et cardinal quatre ou cinq ans après. La négociation réussit par ce que l’on nomma la paix de Clément IX (Rospigliosi) [1], qui déclara authentiquement que le saint-siège ne prétendoit et n’avoit jamais prétendu que la signature du formulaire obligeât à croire que les cinq propositions condamnées fussent implicitement ni explicitement dans le livre de Jansenius, mais seulement de les tenir et de lés condamner comme hérétiques en quelque livre et en quelque endroit qu’elles se pussent trouver. Cette paix

  1. La paix de Clément IX est de l’année 1668. Elle suspendit pour quelque temps les querelles du jansénisme.