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avec peu de bien, épousa une fille de Guénégaud, trésorier de l’épargne, et servit toute sa vie avec réputation de valeur et de capacité.

Il savoit et avoit beaucoup d’esprit, une fort belle figure, de la finesse et de la plaisanterie dans l’esprit, et la langue fort libre, qui le faisoit craindre. Il me prit en amitié à l’armée, et je m’accommodois fort de lui ; personne n’étoit de meilleure compagnie ; les secrétaires d’État de la guerre ni leurs commis ne l’aimoient pas, et lui ne s’en contraignoit guère.

Il pensa se noyer à un retour d’armée en traversant la Marne ; le bac enfonça ; cette aventure fit du bruit ; le roi lui demanda comment il s’étoit sauvé : il avoit été en effet longtemps rejeté par des bords escarpés, sur lesquels il s’étoit trouvé des gens peu empressés de le secourir. Il dit au roi que, désespérant de leur charité, il s’étoit avisé de s’écrier qu’il étoit le neveu de M. l’intendant, et qu’à ce nom il avoit été secouru sur-le-champ et là-dessus fit une parenthèse au roi sur le pouvoir des intendants, qui divertit extrêmement l’assistance, mais qui ne plut pas tant au roi, et qui ne servit pas à son avancement.

Il mourut vieux, et a laissé un fils capitaine de gendarmerie qu’on dit aussi avoir beaucoup d’esprit. Marivaux eut des amis et conserva toute sa vie beaucoup de considération. Sa sœur, qui avoit aussi beaucoup d’esprit, et qui étoit la femme du monde la plus haute, avoit épousé Cauvisson, un des lieutenants généraux de Languedoc. Mme de Nogaret, dame du palais de Mme la duchesse de Bourgogne, étoit veuve sans enfants de son fils, de laquelle j’ai parlé plus d’une fois ; le nom des Cauvisson est Louvet, gens nouveaux et de fort peu de chose.

Mme de Moussy, sœur du feu premier président Harlay, grande dévote de profession, avec tous les apanages de ce métier, et tout aussi composée que lui, mourut sans enfants. Elle avoit toujours vécu avec son frère et son neveu