Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’exécution a été si familière à la maison d’Autriche dans tous les temps jusqu’à ceux-ci, témoin la reine d’Espagne, fille de Monsieur, et le prince électoral de Bavière, désigné héritier de la monarchie d’Espagne du consentement de toute l’Europe, que je ne sais pourquoi on fut si secret sur cette cassette dont presque tous les mystères ne purent être bien développés.




CHAPITRE XXII.


Reprise de la campagne de Flandre. — Artificieux colloque des ennemis. — Bataille de Malplaquet. — Fautes et inutilité de la bataille. — Belle retraite du maréchal de Boufflers, fort inférieure à celle d’Altenheim. — Mons assiégé. — Misère de l’armée française. — Lettres pitoyables de Boufflers. — Nangis dépêché au roi. — Villars pair. — Harcourt pair. — Artagnan maréchal de France. — Famille, fortune et caractère d’Artagnan. — Artagnan prend le nom de sa maison. — Féroce éclat de M. le Duc. — Dégoûts et chute du maréchal de Boufflers. — Défaite et ruine du roi de Suède par le czar à Pultava.


Tournai pris, les ennemis repassèrent l’Escaut dans la nuit du 3 au 4 septembre, et la Haine le 5, au-dessus de Mons, gagnant la Trouille avec beaucoup de diligence pour le passer aussi. Notre [armée] avec les deux maréchaux marcha le 4 septembre ; elle arriva le 6 au matin à Quiévrain, d’où Ravignan fut dépêché au roi pour lui rendre compte de l’état et de la disposition des choses. Les divers corps détachés y rejoignirent l’armée ; elle quitta ce camp de Quiévrain la nuit du 8 au 9, précédée d’un gros détachement commandé par le chevalier de Luxembourg. La marche se passa sans inquiétude quoique par un terrain fort coupé, et [l’armée]