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parut près de Brisach, résolu de pénétrer, s’il pouvoit, même sans attendre le détachement de l’armée impériale qui le venoit joindre parce pont de Neubourg.

Harcourt, exactement informé, détacha encore deux régiments de dragons pour joindre du Bourg à tire-d’aile, et lui réitérer l’ordre de combattre fort ou foible. Ces deux régiments de dragons arrivèrent tout à propos, le jour devenoit grand, et du Bourg faisoit ses dispositions pour attaquer Mercy, qu’il venoit d’atteindre. Avec ce petit renfort, il les attaqua vigoureusement, et quoique inférieur de quelque nombre, il les enfonça ; et en une heure et demie, il les défit d’une manière si complète, que les Impériaux se sauvèrent de vitesse à grand’peine. Le combat fut sanglant. On leur prit leurs canons, leurs équipages, presque tous les bateaux de leur pont et beaucoup de drapeaux et d’étendards, le carrosse de Mercy et sa cassette, qui se sauva à Bâle, et qui dut son salut à la vitesse de son cheval, après avoir soutenu jusqu’au bout, quoique blessé dangereusement. C’est le même Mercy qui commanda en 1734 l’armée impériale en Italie, et qui y fut tué à la bataille de Parme. Le comte Bruner fut tué à ce combat d’Alsace, et quantité de leurs troupes, dont on fit deux mille cinq cents prisonniers. On crut qu’il y avoit eu quinze cents tués, et plus de mille noyés dans le Rhin.

Du Bourg n’envoya rien au roi, mais, aussitôt après le combat il fit partir d’Anlezy, de la maison de Damas, l’un des deux maréchaux de camp qu’il avoit avec lui, vers le duc d’Harcourt, qui, dans l’instant qu’il le reçut, le fit repartir pour en porter la nouvelle au roi. Il arriva à Versailles le soir du dernier août. Le roi l’avoit su la veille par Monseigneur, à qui Mme la Duchesse venoit de montrer une lettre de Dijon de M. le Duc, à qui du Bourg avoit écrit un mot par un officier du régiment de Charolois qui s’étoit trouvé à l’action, où Saint-Aulaire, colonel de ce régiment, avoit été tué, et qui venoit de la part du corps le demander à M.