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Quelques jours après, elles allèrent voir Monseigneur à Meudon, et arrivèrent comme il sortoit de dîner. Mgrs ses fils et Mme la duchesse de Bourgogne étoient dans sa petite galerie du château neuf avec lui. Il les y reçut sans les faire asseoir, sans leur rien proposer à manger ni à boire, ni aucun jeu, ni promenade ; une demi-heure au plus termina une visite si sèche, et la mère et la fille, qui rie revit Meudon de sa vie, s’en retournèrent à Vincennes, fort déconcertées de ces deux réceptions.

La princesse de Montauban, qui s’étoit fort mise sous la protection de Mme d’Elboeuf, se laissa persuader ensuite d’aller à Vincennes. Ce fut la seule femme titrée qui y alla, apparemment pour y en exciter d’autres, et pour faciliter à Mme de Mantoue de baisser équivoquement d’un cran. Elle prit, comme par hasard, un ployant qui se trouva derrière elle, sans affecter de place, et en donna un à Mme de Montauban, mais cette gentillesse ne tenta personne.

Mme d’Elboeuf, difficile à rebuter, tenta après le siège à dos pour sa fille chez Mme la duchesse de Bourgogne. Les femmes et les veuves de vrais souverains réels et existants, dont les ministres sont reconnus et reçus dans les cours et les assemblées de l’Europe pour les négociations et les traités, ont eu constamment un siège à dos, une seule fois, au cercle de la reine, après quoi jamais qu’un tabouret, et parmi tous les autres sans distinction et sans différence des duchesses. La duchesse de Meckelbourg, sœur du maréchal de Luxembourg, et d’autres souveraines avoient eu ce traitement du règne du roi, et en dernier lieu Mme de Meckelbourg, qui, après cette unique fois de siège à dos, n’eut plus qu’un tabouret partout, alloit au souper du roi, et, à qui pas une duchesse ni princesse étrangère ne cédoit ; néanmoins Mme de Mantoue n’y put atteindre, et Mme d’Elboeuf en fut refusée jusqu’à quatre différentes fois.

Elle et sa fille, outrées de se voir si loin de leurs projets, crurent pourtant qu’il ne falloit pas bouder, pour ne se fermer