Dès en arrivant à Douai, Boufflers se mit à rassembler une armée. Il y fut tôt après suivi des officiers généraux qu’on y envoya, et de tous les colonels qui, à leur retour, avoient salué le roi et en avoient été bien reçus. Boufflers, quoique tout occupé de l’exécution du grand projet de reprendre incontinent Lille, ne laissoit pas de songer à délivrer Gand, en tombant sur les quartiers des ennemis séparés les uns des autres par les rivières ; mais c’est bien dit qu’il y songea, car il n’eut pas même le temps d’y travailler. La tête tourna à La Mothe ; car il étoit entièrement incapable de lâcheté et d’infidélité, et il n’avoit qu’à mériter le bâton par une telle défense, sûr de l’obtenir. Il se laissa empaumer par un capitaine suisse qui eut peur pour sa compagnie et peut-être aussi pour sa peau, qui lui persuada si bien de se rendre au bout de trois jours de tranchée ouverte qu’il capitula, et sa garnison de vingt-neuf bataillons et de plusieurs régiments de dragons sortit tout entière le 29 décembre, et fut conduite à Gand. Elle y laissa quatre-vingt milliers de poudre, quatre mille mousquets de rechange et beaucoup de canon. Il n’y eut ni sédition, ni murmure des bourgeois, ni aucun coup de main depuis l’investiture jusqu’à la capitulation. La Mothe surprit extrêmement les chefs des corps