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sien. On parla de lui pour les affaires étrangères où il avoit si bien réussi dans ses ambassades, et Torcy avoit tout à craindre de Mme de Maintenon et des jésuites. On en parla pour les finances qu’il avoit rétablies et augmentées. On en parla pour la guerre, parce qu’il n’avoit pas moins bien réussi pour les troupes, et en ce cas de donner les finances à Voysin où sur tous les autres départements, Mme de Maintenon vouloit avoir celui-là à elle ; ainsi Desmarets se crut en l’air fort longtemps, parce que le retour d’Amelot se différoit toujours.

Enfin on en parla pour la marine avec plus d’apparence encore par les créations, s’il faut ainsi parler, qu’il avoit faites dans celle d’Espagne, qui fut toute formée ; rétablie et mise en ordre et en nombre par ses soins, par les connoissances qu’il avoit plus particulièrement acquises du commerce par l’administration immédiate de celui des Indes, enfin par la haine générale de Pontchartrain, qui n’avoit plus le bouclier de sa femme, et dont le père étoit personnellement si mal avec Mme de Maintenon, l’évêque de Chartres et les jésuites.

Le comte de Toulouse s’étoit repenti plus d’une fois de ne l’avoir pas perdu lorsqu’il l’avoit pu ; Mme la duchesse de Bourgogne ne le pouvoir souffrir ; il étoit abhorré de la marine et de ses propres confrères dans les affaires. Il ne tenoit au roi que par l’inquisition de Paris, qu’il avoit mise sur ce pied-là ; encore le secret et les affaires qui tenoient de l’important lui avoient-ils été soufflés par d’Argenson en qui le roi avoit toute confiance, et qui s’étoit acquis l’affection de beaucoup de gens considérables, en soustrayant au roi et à Pontchartrain les aventures de leurs enfants et de leurs proches, qui les auroient perdus si elles avoient été sues. Les meilleurs amis même du chancelier n’étoient rien moins que les siens, et avec toute sa bassesse pour les jésuites et pour Saint-Sulpice il n’avoit pu gagner leur amitié. Dans cet état, son père, qui le connoissoit mieux que personne,