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Dans cet intervalle, les alliés qui ne vouloient point de paix, ou plutôt le triumvirat qui s’étoit rendu maître des affaires, ajoutèrent les conditions énormes du passage de leur armée par la France, et autres qui se trouvent parmi les Pièces de la négociation de Torcy à la Haye, qui rompirent tout. Malgré la rupture, on voulut toujours rappeler nos troupes, non plus dans la vile de la paix, qui ne se pouvoit plus espérer, mais dans celle de la défense de nos frontières, sans considérer qu’elles consommeroient le meilleur temps de la campagne à se rendre où on les destineroit. Parmi ces incertitudes, Besons reçut ordre de suspendre, suivant la demande du roi d’Espagne, jusqu’à ce qu’Amelot eût achevé ce qu’il avoit commencé, tellement qu’étant déjà en Espagne et dans cette espèce de suspension de ramener ses troupes, il n’osoit les mettre en corps d’armée et les opposer au comte de Staremberg, qui mettoit les siennes en mouvement.

Un voyage de Marly arrivé dans ces entrefaites devint fort remarquable ; et pour en faire entendre le principal, il faut en expliquer l’accessoire. On a vu (t. VI, p. 183 et suiv.) que le duc de Chevreuse étoit très réellement ministre d’État sans entrer dans le conseil, et la considération de sa femme et ses privances avec le roi et chez Mme de Maintenon même à cause de lui, que l’affaire de M. de Cambrai n’avoit pu affaiblir que pendant quelques mois ; sa santé ne lui permettoit pas, depuis quelque temps, de mettre un corps, et quoique le grand ami des dames fût banni de Marly, elles n’y pouvoient pourtant paroître qu’habillées avec un corps et une robe de chambre. Cette raison avoit éloigné Mme de Chevreuse de Marly, qui y alloit tous les voyages ; mais toujours en se présentant, dont personne n’étoit dispensé. Le roi s’en étoit plaint, et, à la fin, voulut qu’elle y vint sans corps. Alors elle ne paraissoit ni dans le salon ni à la table du roi, mais le voyoit tous les jours chez Mme de Maintenon, et à des promenades particulières. M. de Chevreuse,