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quelconque, et tous les autres régiments vendus. Chamillart en fut fort touché et lui en donna le prix, sans que Le Guerchois s’en voulût mêler en façon quelconque. Le jeune homme, qui, par un prodige unique, ne s’étoit point gâté dans la place qu’il avoit occupée, s’y fit aimer, et de tous les militaires, s’y fit estimer, et y servit le peu qu’il vécut avec une valeur, une distinction et une application qui dans un autre genre lui auroit réconcilié la fortune ; et le roi, qui prit toujours plaisir à en ouïr dire du bien, ne cessa point de le traiter avec une amitié tout à fait marquée.




CHAPITRE XVI.


Voysin ministre. — Voysin rudement réprimandé par le roi. — Boufflers évangéliste de Voysin. — Chamillart poursuivi par Boufflers. — Louable mais grande faute de Chamillart. — Chamillart chassé de Paris par Mme de Maintenon. — Raisons qui me persuadent la retraite. — Trois espèces de cabales à la cour : des seigneurs, des ministres, de Meudon. — Crayon de la cour.


Voysin alla à Meudon le mardi matin, le lendemain de sa déclaration, et y fût longtemps seul avec Monseigneur, qui n’avoit pas dédaigné de recevoir les compliments qu’on osa lui faire de la part qu’il avoit eue à la disgrâce de Chamillart. Le lendemain mercredi, le roi le manda au conseil d’État et le fit ainsi ministre. Cette promptitude n’avoit point eu d’exemple, et son prédécesseur eut plus d’un an les finances avant de l’être, et le fut beaucoup plus tôt qu’aucun. Le roi lui dit que ce n’étoit pas la peine de lui faire attendre cette grâce, que Mme de Maintenon lui valut encore, à quoi