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CHAPITRE XIII.


Villars et ses fanfaronnades. — Modeste habileté d’Harcourt. — Chamillart ébranlé, puis apparemment raffermi. — Chamillart rudement attaqué. — Sarcasme d’Harcourt sur Chamillart. — Conseil de guerre devant le roi fort orageux, et l’unique de sa vie à la cour. — Petits désordres à Paris. — Billets fous. — Placards insolents. — Procession de Sainte-Geneviève. — Harcourt bien pourvu à Strasbourg. — Dangereuses audiences pour Chamillart. — Surville dans Tournai avec dix-huit bataillons. — Manquement de tout en Flandre. — Retour de Hollande de Torcy. — Princes ne vont point aux armées qu’ils devoient commander. — Besons maréchal de France. — Duchesse de Grammont. — Vaisselles portées à l’orfèvre du roi et à la monnaie. — Le roi et la famille royale en vermeil et en argent ; les princes et les princesses du sang en faïence. — Inondations de la Loire. — Rouillé de retour de Hollande. — Les armées assemblées. — Cardinal de Bouillon rapproché à trente lieues. — Superbe du roi.


Peu de jours après la déclaration des généraux d’armée, le maréchal de Villars, qui devoit commander en Flandre sous Monseigneur, travailla avec lui à Meudon, puis avec lui chez le roi, et de là s’en alla en Flandre, à la mi-mars, y disposer toutes choses. Il en revint dans les premiers jours de mai rendre compte de son voyage pour repartir peu après. Les troupes n’étoient [pas] payées, et de magasins on n’en avoit pu faire nulle part. Villars, toutefois, se mit à pouffer à la matamore, et à tenir à son ordinaire des propos insensés. Il ne respiroit que batailles, publioit qu’il n’y avoit qu’une bataille qui pût sauver l’État, qu’il en livreroit une dans les plaines de Lens à l’ouverture de la campagne, se mit en défi, et, par un tissu de fanfaronnades folles, faisoit