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lui, dans le roi, le dernier degré de confiance et d’estime. Lui et son ami Montriel, aussi du régiment du roi et souvent son aide dans les détails des armées, avoient été mis gentilshommes de la manche de Mgr le duc de Bourgogne, lorsque l’affaire de M. de Cambrai en fit chasser Léchelle et Dupuis, comme je l’ai rapporté alors. Il s’étoit extrêmement attaché à M. de Beauvilliers ; et, depuis que leur emploi fut fini, Puységur, dont il avoit goûté la vérité et la capacité, demeura dans son commerce et dans son amitié la plus particulière, conséquemment très-bien auprès de Mgr le duc de Bourgogne, qui, s’il eût régné, ne lui eût pas fait attendre si longtemps qu’on a fait le bâton de maréchal de France, si dignement mérité, et qu’il n’a eu enfin que par la honte de ne le lui pas donner. Dans cette situation à la cour et dans les armées il n’étoit pas possible qu’il ne fût toujours tout au milieu de ce qu’il s’y passoit et le témoin de tous les démêlés de la campagne de Lille, dès lors lieutenant général dans cette armée. Il y étoit le correspondant du duc de Beauvilliers, fort exact, et plût à Dieu qu’on l’eût particulièrement attaché à la personne de Mgr le duc de Bourgogne, au lieu de ceux qu’on y mit. Sa capacité et sa vertu furent, dès le commencement de la campagne, fort choquées de la conduite de M. de Vendôme, et le furent dans la suite de plus en plus jusqu’au comble. Il voyoit tout à revers, et dans les sources il ne pouvoit approuver rien de ce que faisoit et vouloit le général. Il avoit souvent occasion de le montrer et de le lui témoigner à lui-même. À l’injonction du duc de Berwick, ami particulier du duc de Beauvilliers, il s’étoit lié avec lui, et le fut toute la campagne.

C’en étoit trop à la fois pour n’être pas exposé à la haine de Vendôme, malgré tous les ménagements extrêmes qu’il avoit constamment gardés avec lui, qui ne purent adoucir un homme si superbe, et si ennemi né de tout ce qui ne l’étoit pas du prince qu’il vouloit perdre et qu’il ménageoit