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à la mort de M. le prince de Conti : ainsi, en mon absence, Mme de Saint-Simon fit sa visite à Mme la Duchesse, qui se surpassa à la bien recevoir et les excuses de mon absence tant pour elle que pour M. le Duc. J’étois à la Ferté à la mort de M. le Prince ; je me doutai bien qu’elle causeroit des prétentions et du bruit, et je m’en tins éloigné chez moi jusqu’à ce que tout fût fini, et même qu’on n’en parlât plus pour n’être mêlé en rien. Ces précautions me furent inutiles. J’appris à mon retour que M. le Duc, parlant au roi sur les manteaux, avoit eu la bonté de lui dire que c’étoit dommage de mon absence, et que j’en ferois de bonnes là-dessus, si j’étois à la cour, à quoi je sus aussi que le roi n’avoit rien répondu. La vérité est que j’en dis mon avis au chancelier sur la visite qu’il m’avoit forcé de faire, et du los que j’en recevois. Je m’en dépiquai tôt après. Mme la Duchesse accoucha de M. le comte de Clermont. Je ne fus ni chez M. le Duc ni chez elle, Mme de Saint-Simon non plus, et je ne me contraignis pas de dire que je ne le verrois de ma vie. En effet, je l’ai tenu très-hautement.

Le roi ne voulut point aller à Paris, ni que les fils de France y fussent voir Mme la princesse de Conti, ni Mme la Princesse. M. le Duc y fit tous ses efforts et y échoua. Le roi tint ferme, tellement qu’il fallût enfin qu’elles vinssent à Versailles, où le roi les visita. Cette différence de Paris à Versailles fut nouvelle pour les princes du sang, et les mortifia beaucoup. Autrefois elle n’étoit pas même pour les duchesses, que la reine, femme du roi, y alloit voir de Saint-Germain à toutes les occasions jusqu’à la mort du duc de Lesdiguières que la reine cessa d’aller, et peu à peu les filles de France à son exemple, comme je l’ai expliqué.

Le testament de M. le Prince brouilla son fils avec ses filles, et eut de grandes suites qui se verront en leur temps. M. son grand-père n’avoit en tout de bien que douze mille livres de rente, lorsqu’il épousa la fille du dernier connétable