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la pension qu’elle lui avoit donnée, et au bout de quelques années obtint la permission de la reprendre chez elle, où elle est demeurée jusqu’à sa mort. Outre qu’il n’y avoit aucun prétexte à ce traitement, les jésuites ne prirent seulement pas la peine d’en chercher, et voulurent que le crime imputé d’avoir introduit le P. de La Tour pour assister ces princes fût la matière connue et seule de la punition.

Dès que M. le Prince fut mort, Espinac, capitaine des gardes de M. le Duc comme gouverneur de Bourgogne, le fut dire au roi de sa part, qui le même jour envoya le duc de Tresmes faire compliment de sa part à la famille, sur ce que Villequier, depuis duc d’Aumont et premier gentilhomme de la chambre aussi, y avoit été envoyé à la mort de feu M. le Prince, père de celui-ci. Le jeudi, 4 avril, M. le Duc vint à Versailles.

On se souviendra de la prétention nouvelle des princes du sang de s’égaler aux fils et petits-fils de France pour les visites en manteau long aux occasions de grands deuils de famille, et qu’à la mort de Mme d’Armagnac, l’année précédente, comme je l’ai rapporté alors, ils firent par les bâtards associés en tout à leur rang, que M. le Grand eût commandement du roi que ses enfants le visitassent en manteau long, ce qu’ils furent obligés de subir. M. le Grand n’échappa pour sa personne que parce que les maris veufs ne vont point que chez le roi. À la mort de M. le prince de Conti, M. le Duc prétendit la même chose, interprétant l’ordre du roi des deuils actifs et passifs ; mais personne, ducs, princes ni autres, ne voulut prendre de manteau, et le roi, qui sentoit la nouveauté de la prétention, et qui ne voulut pourtant pas décider contre les princes du sang, les lassa sans rien ordonner, tellement que M. le Duc qui s’en aperçut déclara que M. le prince de Conti étoit incommodé et fort fatigué ; Mme la princesse de Conti, trop affligée, Mlles ses filles trop assidûment auprès d’elle pour recevoir personne, et qu’ils ne verroient qui que ce soit.