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a dit que M. le duc de Boufflers, dont la très-ancienne maison est alliée aux plus grandes du royaume, paroît encore plus illustre par le trophée de dignités et de charges les plus éclatantes que sa vertu a ramassées sur sa tête, sans qu’il en ait jamais recherché aucune, et pour ainsi dire malgré son rare désintéressement et sa modestie singulière : c’est ce qu’a toujours montré sa conduite si uniforme dans les divers commandements des provinces et des armées qu’il a si dignement exercés, et dans lesquels il est si exactement vrai de dire qu’il a bien mérité du roi, de l’État et de chaque particulier, ainsi que dans les emplois de la cour les plus distingués par leur élévation et par leur confiance. Il s’est aussi rendu considérable dans les négociations les plus importantes ; et partout il a fait également voir une probité, un attachement au roi, un amour pour l’État, qui l’ont continuellement emporté chez lui sur les considérations les plus chères aux hommes. Mais son dernier exploit est tel dans toutes ses circonstances que, s’il a mérité l’admiration effective de toute l’Europe, l’étonnement, les éloges et les honneurs inouïs des ennemis mêmes, les cœurs de tout ce qui a été plus particulièrement témoin de tous ses travaux et de sa gloire, il est bien juste que, puisqu’il se peut dire qu’il fait honneur à. sa nation, il reçoive de l’équité du roi le comble des honneurs de cette même nation, et que ceux qui en sont revêtus le reçoivent parmi eux avec joie et reconnoissance. C’est donc avec une grande vérité et un plaisir sensible que je le reconnois parfaitement digne de la pairie dont il a plu au roi de l’honorer. »

Le premier président lui dit :

« Monsieur, la cour m’a chargé de vous marquer la joie sensible qu’elle a de voir récompenser en votre personne, par la dignité éminente de duc et pair de France, les grands services que vous avez rendus depuis si longtemps au roi