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oraison funèbre. M. le Duc, M. le duc d’Enghien et M. le prince de Conti firent le deuil. Les évêques se formalisèrent de n’avoir point de fauteuils. Ils se fondoient sur ce qu’ils étoient dans l’église, ils ne se vouloient point souvenir des exemples de la même prétention dans les derniers temps qui n’a pas été admise, si ce n’est pour les évêques-pairs, mais hors de rang d’avec le clergé et à part. Néanmoins après quelques mouvements les évêques demeurèrent sur leurs formes [1]. La règle est constante que personne en ces cérémonies n’a que le même traitement qu’il auroit chez le prince dont on fait les obsèques s’il étoit vivant.

Par cela même les ducs y devoient avoir des fauteuils, en tout pareils à ceux des princes du sang. M. le Duc, toujours entreprenant, les avoit tous supprimés. Il ne s’en trouva que trois pour les trois princes du deuil, et une forme joignant le dernier fauteuil et plusieurs autres formes de suite. Les premiers arrivés s’en aperçurent et s’en plaignirent tout haut. M. le Duc fit la sourde oreille. Bientôt après MM. de Luxembourg, La Meilleraye et La Rocheguyon arrivèrent, ils lui en parlèrent ; il s’excusa sur ce qu’il n’y avoit point de fauteuils et qu’il ne savoit où en prendre. Sur quoi ces trois ducs lui déclarèrent qu’ils alloient donc sortir avec tous les autres. Cette prompte résolution étonna M. le Duc. Il ne s’y étoit pas attendu. Il vouloit faire un exemple par adresse, mais de refuser les fauteuils, il le sentit insoutenable ; il protesta qu’il n’avoit jamais imaginé de ne leur pas donner des fauteuils, qu’il ne savoit comment faire ; puis voyant que ces messieurs lui faisoient déjà la révérence pour se retirer, il les arrêta, et dit qu’il falloit pourtant trouver moyen de les satisfaire. Alors la ruse parut tout entière. Sur-le-champ il vint des fauteuils par derrière. M. le Duc fit excuse de ce qu’il ne s’en trouvoit pas assez pour tous les ducs, et par composition on en mit un joignant

  1. Stalles de choeur.