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Il se fit quelques jours auparavant un autre mariage, par des circonstances singulières qui le rendirent heureux. Depuis les deux Eustache de Conflans, père et fils, tous deux capitaines des gardes du corps de Charles IX et d’Henri III, et le dernier chevalier du Saint-Esprit et chevalier d’honneur de la reine Marie de Médicis, cette maison étoit entièrement tombée. Le dernier Eustache avoit vendu presque toutes ses terres. Il perdit un second fils fort jeune, de la plus grande espérance ; ce que l’aîné fit de mieux fut de se raccrocher par les biens de sa mère, qui étoit Jouvenel, dont il eut Armentières, et par un riche mariage avec une Pinart. Il en fit un second fort plat. Du premier un fils unique qui mena une vie honteuse et obscure, et mourut sans enfants d’un indigne mariage qu’il avoit fait. Sa sœur du second lit ne se maria point, elle retira tout ce qu’elle put de ces débris ; la duchesse d’Orval se retira chez elle où elle a passé presque toute sa vie, ayant de la considération et des amis. On l’appeloit Mlle d’Armentières. Elle vécut fort vieille. Étant devenue riche par ses soins et par la mort de son frère, elle assista à son tour son amie qui étoit devenue pauvre, substitua son bien à ses cousins, et en laissa l’usufruit à la duchesse du Lude, son amie intime de tous les temps. Ses cousins étoient dans la dernière pauvreté. Ils sortoient du frère puîné du premier Eustache, capitaine des gardes de Charles IX, dont ils étoient la quatrième génération, et divisés en deux branches. Ils n’avoient pu faire aucune alliance, et ils vivoient à leur campagne de leurs choux et de leur fusil. L’aînée de ces deux, branches finissoit à un seul mâle qui se fit prêtre pour avoir du pain, et que le succès de ce mariage fit dans la suite évêque du Puy. Le chef de la branche cadette, devenu celui de toute cette maison, vécut de même, et se trouva heureux d’épouser en 1667 une fille de d’Aguesseau, maître des comptes, dont le fils a été si estimé et si considéré, intendant de Languedoc, puis conseiller d’État, et du conseil royal des finances, et le petit-