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dessus Mme de Soubise demanda au roi de faire passer son fils avec le prince de Lorraine, en reprenant sa nomination comme de couronne, qui alors pourroit servir à l’abbé de Polignac. Mais la difficulté d’un chapeau pour l’archiduc demeura en l’un et l’autre cas ’si entière, qu’elle devint obstacle à toute promotion. L’empereur s’en irrita, il n’en sentit pas moins la faiblesse du pape, qui n’avoit pas eu le courage de rejeter avec hauteur une si étrange proposition. Mais cependant l’abbé de Polignac prit un autre tour. Il avoit toujours fort ménagé la cour de Saint-Germain en France et à Rome ; il se tourna vers elle pour avoir sa nomination. Cette marque de royauté étoit comme la seule qui restât au malheureux roi d’Angleterre, et Rome n’en pouvoit pas faire de difficulté à un prince qui perdoit tout pour la religion, qui n’avoit d’asile que Rome, et qui y étoit traité en roi. Avec toutes ces raisons, ce prince crut en avoir de bonnes d’introduire l’exercice de son droit par un sujet agréable au pape et protégé par la France. Torcy, qui, dans l’affaire de la nomination de Pologne, n’avoit pas voulu décider entre ses deux amis, et avoit remis le choix au roi, sans porter l’un plus que l’autre, fut ravi d’une occasion de revenir sur l’abbé de Polignac, et le servit de toutes ses forces. Il obtint donc en ce temps-ci la nomination du roi d’Angleterre pour la promotion des couronnes, et le pape, qui ne demandoit qu’un prétexte de le faire cardinal, l’agréa avec plaisir.

Fériol, ambassadeur du roi à Constantinople, s’y brouilla fort sur la fin de cette année. Le grand vizir, mécontent du ministre de Hollande, lui fit plusieurs menaces suivies de mauvais traitements faits à ses domestiques, qui lui firent craindre de n’être pas en sûreté chez lui, dans un pays où tant d’expériences ont appris même aux ambassadeurs des premières têtes couronnées que leur caractère et le droit des gens est peu respecté. Ce ministre de Hollande voulut se réfugier chez l’ambassadeur d’Angleterre. Sa surprise fut