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le maréchal de Villars arriva à la cour avec les airs avantageux qui ne le quittoient jamais, et qui lui réussirent toujours auprès du roi, qui fut le seul qui crut qu’il avoit fait une belle campagne.

Il parut divers manifestes de l’empereur qui fit arrêter le nonce à Vienne, le relégua ensuite tellement, qu’il fut rappelé. Tant qu’il ne fut question que de paroles et de cette poignée d’Impériaux en Italie, le pape se conduisit fort vigoureusement ; mais, après la séparation des armées en Savoie, et quand toutes les troupes qu’y avoit l’empereur furent entrées dans l’État ecclésiastique, le pape eut lieu de se repentir de s’être trop hâté, et [d’avoir] trop compté sur une ligue aussi lentement tissue et aussi mal exécutée que le fut celle qui avoit enfin été résolue, et la réclama en vain. Il demanda Feuquières pour commander les troupes de cette ligue, qui lui fut accordé, mais ce fut tout. Il souffrit tant d’insolences du cardinal Grimani, vice-roi de Naples par intérim, qu’il l’eût privé de la pourpre, comme il l’en menaça plus d’une fois, si les plus sages cardinaux en avoient été crus. Les. Impériaux cependant vivoient à discrétion dans l’État ecclésiastique. Les troupes du pape, destituées d’alliés, n’osaient se présenter nulle part devant eux. Cette oppression força le pape à recevoir enfin dans Rome le marquis de Prié en qualité de ’plénipotentiaire de l’empereur ; au grand regret du maréchal de Tessé, à qui des raisons de cérémonial avoient fait prendre le caractère d’ambassadeur extraordinaire. Il les faut maintenant laisser dans ces embarras, dont on ne verra la fin que dans les commencements de l’année prochaine.

Il s’étoit passé depuis six ou sept mois une intrigue à Rome dont en ce temps-ci l’abbé de Polignac sut profiter. La mort de l’évêque de Munster avoit mis sur les rangs pour lui succéder l’évêque d’Osnabrück et d’Olmütz, frère du duc de Lorraine, et le baron de Metternich aussi ardemment soutenu par les Hollandois, qui craignoient un prince appuyé