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en même temps. Les chariots que les ennemis envoyoient à Ostende pour charger le convoi ne purent passer l’inondation. Ils prirent le parti d’aller s’ouvrir le chemin par Plassendal où étoit le comte de La Mothe et où Puyguyon marcha en même temps avec quarante bataillons. Cependant les chariots vides arrêtés par l’inondation trouvèrent le moyen de passer, et arrivèrent à Ostende. La question fut du retour. Ils le firent comme par degrés, et avec les plus grandes précautions pour s’approcher au plus près, et passer ensuite à force ouverte.

Berwick tout porté sur les lieux fut pressé par les officiers principaux de faire lui-même l’attaque de ce convoi ; mais il répondit qu’il ne falloit pas ôter à un gentilhomme qui servoit depuis bien des années l’occasion d’acquérir le bâton de maréchal de France, puis leur ferma la bouche, en leur montrant l’ordre précis de la cour qui commettoit cette expédition à La Mothe. Lui et la duchesse de Ventadour, qui l’avoit obtenu de Chamillart son ami, étoient enfants des deux frères. Mme de Ventadour le regardoit comme le sien, c’étoit un homme désintéressé, plein de valeur, d’honneur et d’ambition, qui servoit toute sa vie, été et hiver, qui a voit toujours eu des corps séparés depuis longtemps, et qui touchoit au but ; mais en temps l’homme le plus court, le plus opiniâtre et le plus incapable qui fût peut-être parmi les lieutenants généraux. Berwick se retira de sa personne, et La Mothe se mit en marche. Les ennemis avoient retranché le poste de Winendal pour couvrir la marche de leur convoi, qui étoit immense. La Mothe crut faire merveilles d’attaquer ce poste. Les dispositions en furent longues et peut-être médiocres. Elles donnèrent le temps aux ennemis d’y être renforcés et au convoi de s’avancer. La Mothe ne pensa pas même à débander un gros corps de dragons qu’il avoit pour en embarrasser du moins la tête et l’arrêter, tandis qu’il seroit occupé à l’attaque de Winendal. Bref, il l’attaqua ; Cadogan le défendit mieux, ébranla La Mothe,